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CHSLD privés : le secret le mieux gardé de notre système de santé

La semaine dernière, j’ai expliqué dans un billet pourquoi ce sont les entrepreneurs, et non le gouvernement, qui vont sauver notre système de santé. Je réagissais à une nouvelle annonçant le projet de Marc Lacroix, un médecin-entrepreneur, de développer une chaîne de 25 à 50 cliniques privées désaffiliées. Je rappelais entre autres pourquoi le monopole public a intérêt à limiter les dépenses de santé – et donc l’accès aux patients – tandis que pour une clinique privée, ce même patient représente une source de revenus.

L’IEDM a déjà plaidé à plusieurs reprises pour introduire une plus grande diversité dans les fournisseurs de services à l’intérieur d’un système de santé accessible à tous, comme cela se fait dans la plupart des pays d’Europe, avec généralement de meilleurs résultats qu’ici. Nous nous sommes aussi penchés spécifiquement sur la question des résidences pour personnes âgées. Une publication de l’IEDM datant de 2015 notait déjà que la qualité des services dans les CHSLD privés conventionnés est un peu plus élevée que dans les CHSLD gérés par l’État.

Bret, j’ai reçu en réaction à mon billet une lettre d’une personne travaillant dans le milieu des CHSLD. Elle raconte cette réalité méconnue, soit le fait qu’une soixantaine de CHSLD et de centres de réadaptations sont gérés par des entreprises privées à l’intérieur du réseau public. Peu de gens le savent, puisque pour le patient, ça ne fait pas de différence : la contribution est la même que dans un CHSLD public, et les portes d’entrée au réseau aussi.

La lettre explique bien cette réalité et j’en reproduis ci-dessous quelques extraits.

Lisez-la et, en plus des CHSLD, dites-vous que cela pourrait s’appliquer aux hôpitaux et à toutes sortes de services médicaux, en imagerie ou pour des chirurgies, avec d’immenses bénéfices pour les patients, particulièrement sur le plan de l’accès aux soins.

(…)

J’aimerais ajouter à votre réflexion en vous mentionnant que depuis 60 ans, il existe un modèle de CHSLD et de centres de réadaptation gérés par le privé au sein du réseau public. Les établissements privés conventionnés (EPC) sont essentiellement des entreprises privées qui donnent un service public dont les règles sont définies par une convention signée avec le ministère de la Santé et des Services sociaux.

L’un des grands avantages de ce modèle s’avère la structure même des établissements. Légère et optimisée en fonction des besoins et des services requis par les résidents et les usagers, et donc faisant passer l’humain avant la structure, elle permet une prise de décision rapide grâce à l’accessibilité du propriétaire-gestionnaire. Au quotidien, cette façon de faire donne lieu à une proximité entre l’organisation, le personnel, les bénévoles, les résidents et les familles.

(…)

Il y a 57 CHSLD et 2 centres de réadaptation privés conventionnés dans notre réseau. Ne soyez pas surpris de ne pas les connaître. Ils sont difficiles à repérer puisque la contribution du résident ou de l’usager est la même que celle payée au public et que la façon d’y avoir une place est le guichet de services du CLSC, comme pour les CHSLD publics.

Comme vous le dites, les entrepreneurs du secteur privé doivent se démarquer par l’excellence de leurs services. (…) En 2017, douze établissements privés conventionnés (EPC) ont reçu la visite d’Agrément Canada. De ce nombre, onze EPC (92 %) ont reçu un agrément avec mention d’honneur, soit la plus haute distinction du programme QMemtum d’Agrément Canada. Cette qualité de soins et de services est inégalée. Pourtant, ce modèle performant qui allie des milieux de vie et de travail de qualité supérieure est bien caché. En fait, il s’agit probablement du secret le mieux gardé du réseau de la santé J. Toutes nos tentatives de développer ce réseau qui offre les meilleurs soins et services aux résidents se heurtent à la prémisse que la santé, ça doit rester public. Mais à quel prix pour les résidents!

(…)

Jasmin Guénette is Vice President of Operations at the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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