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Les vrais enjeux des élections

Les politiciens ont trop souvent tendance à tomber dans le piège de concevoir un «plan grandiose» d’interventions directes dans l’économie. En période d’incertitude à court terme, il est essentiel de ne pas perdre de vue les objectifs à long terme. L’ingénierie sociale et économique est toutefois un domaine dangereux: pour établir une bonne politique, il faut d’abord dégager les vrais enjeux et reconnaître ce qui est faisable et ce qui ne l’est pas.

Le Québec n’a pas le pouvoir de contrôler efficacement un cycle économique avec des politiques de stimulation de la demande. De toute façon, on ne ressentirait leurs effets présumés que dans plusieurs mois et de telles mesures pourraient simplement accroître la demande pour des biens et services produits aux États-Unis, en Chine ou dans le reste du Canada, notre économie étant fortement ouverte sur l’extérieur. N’oublions pas que les deux tiers de ce que les Québécois achètent proviennent directement ou indirectement de l’extérieur de la province et près de trois emplois sur cinq dépendent des marchés extérieurs.

Aucun des principaux problèmes économiques actuels dont on fait état ci-dessous ne sera résolu par une stimulation de la demande globale. Notre faible performance découle plutôt d’institutions défaillantes en santé, en éducation, en développement énergétique, en développement et maintien des infrastructures, entre autres, chargées de bonnes intentions aux conséquences défavorables à la création de richesse. Les objectifs que nous proposons témoignent des défis à relever. Aux partis politiques de nous dire comment ils s’y prendront pour les atteindre.

Des objectifs

Objectif no 1: Atteindre le taux d’emploi canadien moyen d’ici cinq ans. Le Québec devra créer 210 000 emplois supplémentaires, en plus de ceux qui seraient créés selon la tendance actuelle (65 500 emplois par année en moyenne depuis 2000).

Objectif no 2: Atteindre le PIB canadien moyen par habitant d’ici 15 ans (combler le tiers d’ici cinq ans). La différence entre le PIB par habitant au Québec et dans le reste du Canada a augmenté, en tenant compte de l’inflation, de près de 70% depuis 1981. Si le taux de croissance du reste du Canada se maintient à 1,5%, son taux de 2007, le Québec aura besoin d’une croissance annuelle de 2,9% pour atteindre l’objectif ci-dessus: un grand défi!

Objectif no 3: Réduire les paiements de péréquation de 1,2 milliard de dollars par an pour les éliminer d’ici sept ans. Pour y arriver, il faut imaginer des politiques et mécanismes plus efficaces pour développer le potentiel du Québec et quitter le groupe des provinces pauvres.

Objectif no 4: Combler l’écart d’investissements privés avec le reste du Canada d’ici cinq ans. Au cours des cinq dernières années, l’écart moyen dans le pourcentage des investissements privés dans le PIB a été de 2,9 points, ce qui représente en 2007 un déficit d’investissements privés de 7,7 milliards.

Souhaitons que l’enchère ascendante de propositions de dépenses observée depuis le début de la campagne fasse place à des propositions plus responsables répondant aux véritables défis auxquels le Québec fait face.

Marcel Boyer is Vice President and Chief Economist of the Montreal Economic Institute; M. Irvine is a professor at Concordia and an Associate Researcher at the Montreal Economic Institute.

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