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Textes d'opinion

Un beau AA- pour Carlos Leitão

Une nouvelle réjouissante était publiée le 16 juin dernier : la firme S&P Global (anciennement Standard & Poors) annonçait sa décision de rehausser la cote de crédit du Québec, la faisant passer de A+ à AA-. Encore plus étonnant, le Québec devance maintenant l’Ontario, et ce pour la toute première fois. Qu’y a-t-il derrière cette histoire, et qu’est-ce que ça veut dire pour nous, pauvres contribuables?

Les gouvernements, tout comme toutes les grandes entreprises qui empruntent dans les marchés financiers, voient leur solvabilité être examinée par de grandes agences de notation. Celles-ci établissent une cote de crédit pour chaque emprunteur, qui permet de les classer de « très risqué » (C ou D) à « super sécuritaire » (AAA). Les trois grandes agences internationales de notation sont Moody’s, Fitch Ratings et S&P Global. Ces agences épluchent les états financiers des gouvernements et des entreprises, évaluent les tendances et les facteurs de risque, pour en arriver à un jugement global, qui se traduit par la fameuse cote de crédit.

Et à quoi sert cette cote de crédit ? En fin de compte, à déterminer les taux d’intérêt que devront payer les emprunteurs. Lorsqu’ils génèrent un déficit, les gouvernements empruntent surtout en émettant des titres financiers, dont des obligations. Ces titres financiers sont vendus dans les marchés ; les acheteurs prêtent donc des fonds aux emprunteurs, contre la promesse d’un remboursement à une date déterminée et le paiement d’intérêts sur une base régulière. Les acheteurs sont plus réticents à prêter à une organisation qui est plus risquée, et demandent donc un meilleur rendement.

Dans les faits, une surcote d’un rang par les grandes agences de notation fait diminuer le taux d’intérêt des titres d’environ 0,04 %. Une décote produit l’effet contraire. Pas grand-chose, vous me direz, mais 0,04 % d’une dette de 277,5 G$ (celle du Québec actuellement), c’est tout de même 110 millions $ par année en intérêts. Notons aussi que les effets d’un changement de la cote de crédit d’un gouvernement sont faibles à court terme et s’amplifient dans le temps, à mesure que des pans de la dette sont renouvelés au nouveau taux d’intérêt.

Depuis quelques années, les gouvernements du Québec et de l’Ontario ont suivi des directions opposées : le Québec a ralenti le rythme de croissance de ses dépenses, a atteint l’équilibre budgétaire, a élaboré un plan à long terme de réduction du ratio dette/PIB. De toute évidence, les bottines ont suivi les babines et S&P Global a modifié positivement son jugement face au risque de crédit du gouvernement du Québec. Et cela, malgré que le Québec soit encore la province la plus endettée selon le ratio dette/PIB. Pendant ce temps, le gouvernement libéral de Mme Wynne a plongé l’Ontario dans les déficits. De 2007-08 à 2017-18, la dette provinciale aura plus que doublé : rien pour inspirer la confiance de ceux qui lui prêtent de fortes sommes.

On reproche souvent toutes sortes de choses, avec raison, au gouvernement du Québec. Pour une fois, saluons les effets du bon travail d’assainissement des finances publiques du Québec. Bravo à M. Leitao !

Et les contribuables, dans tout ça ? Une réduction de la pression fiscale sur les familles passe par un allègement des dépenses de l’État. Or, nous payons environ 10 milliards $ en intérêt chaque année sur la dette accumulée du gouvernement. Quelques millions en moins en intérêts, ce n’est pas grand-chose, et il reste encore beaucoup de chemin à parcourir afin de réduire de façon importante le fardeau de la dette. Mais au moins, on peut avoir l’impression qu’on avance dans la bonne direction.

Germain Belzile est chercheur associé senior, département des actualités, à l'IEDM. Il signe ce texte à titre personnel.

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