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Textes d'opinion

Et s’il n’y avait PAS de salaire minimum ?

Le débat sur le salaire minimum continue de faire jaser. Le professeur Pierre Fortin, notamment, a démontré avec éloquence les risques que comporterait une hausse importante du salaire minimum au Québec.

Ce n’est donc pas mon propos d’en rajouter sur ce type d’argumentaire, l’IEDM ayant déjà fait un travail d’éducation économique sur la question depuis plusieurs années. J’aimerais plutôt profiter de cette tribune pour ajouter un élément d’information au débat, et qui surprend toujours mes interlocuteurs lorsque je leur en fais part.

Les gens d’une certaine gauche qui aiment citer en exemple les modèles de prospérité et de social-démocratie que sont les pays d’Europe comme la Suède, le Danemark ou la Norvège seraient surpris d’apprendre que là-bas… il n’y a pas de salaire minimum !

Eh oui, au-delà de savoir si le salaire minimum doit être à 11$, 15$ ou même 30$, imaginez-vous qu’il existe des pays où il n’y en a pas du tout. Est-ce qu’en conséquence, les travailleurs y sont exploités par les capitalistes et payés 2$ de l’heure ? Non. En fait, dans plusieurs de ces pays les travailleurs gagnent encore plus que les travailleurs canadiens.

Les employés, par l’entremise de leur syndicat, négocient des conventions collectives qui fixent un plancher salarial, mais les gouvernements n'ont pas à intervenir avec une loi. Les salaires varient ainsi d’une industrie à l’autre, puisque chaque industrie est différente et a des besoins de main-d’œuvre différents. C’est le cas par notamment en Suède, au Danemark, en Islande, en Norvège et en Suisse. 

Oui, dans ces pays la main-d’œuvre y est fortement syndiquée, mais cela démontre que des ententes peuvent être négociées au cas par cas, entre représentant d’entreprises et représentant de travailleurs, sans que l’État intervienne, ni impose une réglementation mur-à-mur. Notons aussi que dans la plupart de ces pays, il y a peu de restrictions sur l'embauche et le licenciement, favorisant ainsi une plus grande flexibilité pour les entreprises et des emplois plus faciles d’accès pour les travailleurs.

Si l’on est pour débattre du niveau auquel devrait être fixé le salaire minimum, ce serait peut-être l’occasion de penser « hors de la boîte », de faire preuve d’ouverture d’esprit et d’évaluer toutes les solutions possibles, notamment celles qui fonctionnent bien ailleurs.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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