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Textes d'opinion

Non à l’étouffement ! Puissions-nous renouer avec l’esprit de coureur des bois qui sommeille en nous

Le Québec est-il « immobile »? Évidemment que non! En effet, chaque jour, des travailleurs et des entrepreneurs québécois s’activent à bâtir un Québec meilleur. En fait, la véritable question consiste plutôt à savoir dans quelle mesure nous laissons les opportunités économiques se multiplier. Plus particulièrement, comment nous comparons-nous à ce qui se passe ailleurs dans l’économie nord-américaine? Si l’on formule la question en ces termes, la réponse est alors moins flatteuse.

Quand, en mai dernier, j’ai déploré l’abandon du complexe récréo-touristique du bassin Peel impliquant le Cirque du Soleil, j’étais loin de m’imaginer lancer un si grand débat. Rappelons que, dès 2005, j’avais critiqué publiquement certains aspects du projet, notamment au niveau du centre de foire projeté et de la compétition inéquitable qu’il pouvait créer à l’égard de centres de foires privés non subventionnés comme la Place Bonaventure. De plus, certains représentants du ministère des Finances affirment que le nombre d’heures de présence annuelle confirmée par le Cirque était trop faible. Cela étant dit, je persiste à croire qu’il aurait été possible d’améliorer ce projet et de profiter de l’idée de génie que représentait, à la base, pareille association entre Loto-Québec et le Cirque du Soleil.

Grand potentiel

Mais ce débat relève du passé et, à quelques jours du début de la nouvelle année, j’aimerais plutôt mettre l’accent sur l’avenir. J’aimerais mettre l’accent sur le grand potentiel du Québec. Je veux parler ici du talent, de l’énergie, de la créativité et de l’âme qui animent les individus qui peuplent ce beau grand territoire qu’est le Québec.

Montréal regroupe quatre universités qui enseignent en anglais et en français. Nous avons d’excellentes écoles en gestion et en ingénierie. Notre métropole est une des rares villes vraiment bilingues et biculturelles. Elle représente un pôle technologique de premier plan : fabrication d’aéronefs, recherche pharmaceutique, biotechnologie, télécommunications, informatique, production de jeux vidéo, culture, et j’en passe.

Le Québec demeure un producteur majeur de matières premières, qui sont et demeureront en forte demande pour l’avenir prévisible. Notre système d’éducation publique, bien qu’il y a place à l’amélioration, est relativement bon si l’on en croit les comparaisons internationales effectuées chaque année.

Pour clore le tout, nous jouissons d’une culture unique où l’on déguste, savoure, festoie et se divertit comme nulle part ailleurs. Les tensions ethniques structurelles ou récurrentes sont à toute fin pratique inexistantes et la sécurité physique des individus est, à Montréal, supérieure à celle que l’on retrouve dans la grande majorité des autres métropoles nord-américaines.

Qui plus est, dans l’ensemble du Canada, les opportunités économiques augmentent. Les finances publiques s’améliorent, la dette se rembourse (lentement, mais sûrement), les impôts sont stables, voire même diminuent légèrement. L’exploitation du pétrole en Alberta génère des investissements incroyables et une richesse sans précédent dont nous bénéficions, indirectement.

D’où le curieux paradoxe qu’a soulevé récemment le magazine The Economist en notant que « le Canada a tout, à part de l’ambition ». C’est particulièrement vrai, je dirais, en ce qui concerne le Québec.

Esprit de bâtisseur

Qu’est devenu notre esprit de bâtisseur, d’entrepreneur, de découvreur, d’explorateur, de fonceur, voire de coureur des bois? Nous rappelons-nous à quel point nos ancêtres ont été de vrais pionniers et de grands aventuriers, parfois rebelles, mais toujours fiers, indépendants et débrouillards?

Prenez Médard Chouart Des Groseillers. Arrivé en Nouvelle-France en 1641, il se lance dans le commerce des fourrures en explorant l’ouest canadien puisqu’au sud, les Iroquois bloquent le commerce aux Français. Il revient à plusieurs reprises avec des convois de fourrures, mais en 1660, le gouverneur le fait arrêter et emprisonner même si, par son audace, il a beaucoup aidé la colonie.

Il sera le premier à saisir le potentiel des pelleteries de la baie d’Hudson. Mais puisqu’on l’empêche de commercer à sa guise, il n’hésitera pas, avec son associé Pierre Esprit de Radisson, à s’allier aux Anglais pour monter la première expédition navale à la baie d’Hudson. L’expédition s’avèrera une grande réussite et donnera naissance à la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Comme nos ancêtres coureurs des bois qui prenaient la clé des champs envers et contre la volonté du gouverneur de la colonie, nous sommes férus de liberté, ingénieux, créateurs et entrepreneurs.

L’immobilisme n’est pas québécois! C’est plutôt la conséquence malheureuse de l’étouffement de nos forces vives par un État omniprésent, un fardeau fiscal écrasant et des règlements abusifs.

Notre priorité devrait être de nous débarrasser de notre dépendance envers l’État. Notre meilleur espoir serait de renouer avec le coureur des bois qui sommeille en nous et qui ne cherche qu’à s’élancer, explorer, découvrir, nouer des liens et commercer, quels que soient les obstacles à franchir et l’incertitude de l’avenir ou de l’inconnu.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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