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Textes d'opinion

Les Québécois et le pétrole

Les Québécois sont-ils pour le développement du pétrole sur leur territoire? Sont-ils contre le fait d'utiliser du pétrole des sables bitumineux? Jugent-ils plus sécuritaire le transport du pétrole par train ou par pipeline?

En vous fiant seulement à ce qu'on peut lire dans les médias, ou entendre de la bouche des groupes de pression, vous risquez d'avoir un portrait faussé de la situation. En effet, la réalité est pas mal différente lorsqu'on demande aux Québécois de s'exprimer directement sur la question.

C'est ce que révèle un sondage Léger commandé par l’IEDM et rendu public lundi dernier, dont voici quelques résultats :

  • Dans une proportion de plus de 2 pour 1, les répondants jugent préférable que le Québec exploite ses propres ressources pétrolières, au lieu de continuer d'importer de l'extérieur le pétrole qu'il consomme.
  • Une écrasante majorité de Québécois préfèrent que le pétrole importé de l'extérieur du Québec provienne de l'Ouest canadien. En effet, 59 % d'entre eux privilégient cette option contre seulement 5 % pour l’endroit de provenance qui arrive au deuxième rang (Mexique).
  • 41 % des Québécois privilégient le pipeline comme moyen de transport du pétrole le plus sécuritaire, loin devant les autres options (camion-citerne 14 %, bateau 10 %, train 9 %).

Les Québécois adoptent une approche pragmatique quant à la provenance et au transport du pétrole. Les résultats de ce sondage montrent aussi, clairement, que les Québécois sont prêts à dire oui au développement du pétrole sur leur territoire.

Ça tombe bien, parce que les entrepreneurs d'ici aussi le sont.

Rappelons que le gouvernement du Québec, via sa filiale Ressources Québec, et en partenariat avec une société française, s'est associé à l’entreprise québécoise Petrolia et à Corridor Ressources pour mettre en place un partenariat visant à démontrer la viabilité commerciale des ressources d'hydrocarbure de l'île d'Anticosti.

Comprenez-moi bien. La participation du gouvernement dans les projets de développements de ressources est très, très loin de mon idée d’un libre marché. Mais si cette façon de faire atténue les craintes et les incertitudes pour tous, c’est un bon compromis dans les circonstances. Ce genre de projet pilote permet au gouvernement, au public et aux investisseurs de voir qu’il est possible de développer nos ressources de façon sécuritaire. Le PDG de Questerre, Michael Binnion, exprime d’ailleurs de façon éloquente cet état d'esprit sur son blogue

(Traduction libre) « Tout le monde, y compris le gouvernement, s'accorde sur le fait que nous avons besoin de nouvelles réglementations. C'est pourquoi les programmes pilotes sur l'île d'Anticosti sont soumis à un examen et à une stricte surveillance. Nous respectons le fait que les citoyens ont des préoccupations, qui sont légitimes. Des programmes pilotes comme celui impliquant Petrolia sont une bonne façon de répondre à ces préoccupations […] Aujourd'hui, nous pouvons aller de l'avant en utilisant les conclusions d'experts indépendants pour travailler ensemble et créer un cadre légal moderne, strict et efficace pour le Québec. »

En fait, l'idée ici n'est pas qu'il faille aider les compagnies pétrolières du Québec, mais simplement arrêter de leur nuire en changeant constamment les règles applicables.

Bientôt, une étude hydrogéologique menée par une firme indépendante sera dévoilée, sur la base de laquelle les fonctionnaires du gouvernement devront décider s'ils émettent ou non un certificat d'autorisation de forages de fracturation sur l'île d'Anticosti.

Si les scientifiques impliqués donnent leur « OK » (et que les déclarations de certains politiciens ne viennent pas « contaminer » le processus), tout sera alors en place pour permettre au Québec – et à l'ensemble de ses citoyens – de profiter à juste titre de ses ressources.

Même si le contexte du cours actuel du pétrole rend incertain, pour le moment, la rentabilité de certains projets de développements, il serait mal avisé de ne pas développer ces ressources, surtout si on peut le faire d'une façon sécuritaire et respectueuse de l'environnement.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

Lire le billet sur le site du Journal de Montréal

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