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Textes d'opinion

Services policiers : le privé en renfort!

Plusieurs corps de police font maintenant appel au privé pour les soulager d'une tâche qui apparaît secondaire par rapport à leur fonction première de maintien de l'ordre public: la vérification des antécédents judiciaires des simples citoyens.

La demande explose pour ce service, qui permet de confirmer qu'un futur employé, par exemple, ne possède pas de casier judiciaire. Cette information est également nécessaire pour les gens qui veulent adopter un enfant, ou obtenir un visa pour un voyage à l'étranger.

Le porte-parole de la police de Lévis, Patrick Martel, affirme qu'« il aurait fallu acheter une deuxième machine pour prendre les empreintes digitales numériques et mettre quelqu'un presque à temps plein là-dessus. Ça aurait été des coûts trop élevés pour répondre à la demande. »

Justement, en janvier dernier, l'IEDM démontrait que l'impartition de certaines tâches à des agences de sécurité privée permettrait de freiner la hausse de dépenses. En effet, malgré une baisse du taux de criminalité, les dépenses policières ont presque doublé au Canada depuis 25 ans. Devant cette explosion insoutenable des coûts, plusieurs villes à travers le pays envisagent des compressions.

Des solutions viables existent pourtant pour s'attaquer au problème des coûts croissants des services policiers au Canada, sans toutefois compromettre la sécurité des citoyens. Dans certains cas, cette nouvelle approche peut même contribuer à la réduction de la criminalité.

Actuellement, l'emploi du temps des policiers est cannibalisé par des fonctions qui ne devraient pas être du domaine de la police. L'on pourrait recentrer le travail des policiers sur leurs fonctions essentielles et recourir à d'autres catégories de personnel pour les tâches auxiliaires ou administratives. Des efforts ont déjà été faits en ce sens dans certaines municipalités, que l'on pense par exemple aux cadets policiers qui patrouillent à pied ou à vélo durant les événements extérieurs.

Bref, il y a moyen de faire mieux à travers une modernisation des services policiers.

On ne parle pas ici de remplacer le travail des policiers, mais de le compléter. Pourquoi un policier, qu'on paie en partie pour ses performances élevées au chapitre de la psychologie sociale et de la force physique, doit-il être immobilisé pour passer en revue les images des radars photo et y confirmer les excès de vitesse? Un civil avec la formation appropriée pourrait accomplir cette tâche à moindre coût.

Prenons l'exemple d'un barrage routier à Montréal visant à épingler les conducteurs aux facultés affaiblies. Un tel barrage nécessite normalement huit policiers. Dans un scénario où les tâches auxiliaires seraient imparties au privé, et où six des huit intervenants seraient des agents de sécurité, le coût passerait de 4994 $ à 2332 $, soit une économie de plus de 50 %. À plus long terme, ces économies brutes pourraient se transformer en économies nettes pour le contribuable permettant de limiter les nouvelles embauches de policiers.

Combien de temps les policiers consacrent-ils aux tâches administratives? Environ 40 % de leur temps de travail, selon une étude effectuée en Colombie-Britannique, principalement pour rédiger des rapports. Les villes canadiennes pourraient s'inspirer de l'expérience de Londres, où un policier n'est envoyé par exemple sur les lieux d'un cambriolage que si les cambrioleurs sont toujours présents. Sinon, c'est un agent de sécurité qui se déplace pour accomplir les tâches qui ne relèvent pas des fonctions essentielles de la police.

Enfin, l'impartition de certaines tâches au secteur privé ne permet pas seulement de réduire la facture pour le contribuable, mais peut aussi mener à une augmentation de la productivité policière, ce qui aurait potentiellement pour effet de réduire la criminalité.

Face à l'explosion des dépenses policières au pays, les municipalités au Canada ont la responsabilité de mettre en œuvre des solutions pragmatiques dans le but de gérer le plus efficacement possible l'argent des contribuables.

Jasmin Guénette est vice-président de l'Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel.

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