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Textes d'opinion

Les mauvaises promesses de déficits de Justin Trudeau

Le nouveau premier ministre du Canada Justin Trudeau s’est fait élire en promettant le changement. Son programme économique est différent de celui du précédent gouvernement, mais aussi par rapport à l’exploit canadien de contrôle de la dette depuis les années 1990, cité en exemple partout dans le monde.

M. Trudeau promet en effet de réaliser des déficits budgétaires de 10 milliards de dollars au cours des trois prochaines années alors qu’il n’y a même pas le prétexte d’une crise économique pour le justifier. Donner suite à cette promesse serait en contradiction avec les faits et la recherche économiques.

On sait par exemple par la science économique que les contribuables ne peuvent pas être bernés. Ils peuvent anticiper que les déficits se traduiront éventuellement par une hausse des impôts et ils vont en conséquence réduire leurs investissements et leur consommation pour se préparer à ces hausses. Ces dépenses publiques vont augmenter la dette publique sans que cela produise d’effet de relance.

Une économie au ralenti ?

L’effet de cette augmentation de la dépense publique pourrait même être de ralentir l’économie. Une hausse des dépenses publiques peut être encore pire pour l’investissement privé et la croissance que des augmentations de taxes.

L’investissement public évince l’investissement privé lorsqu’il lui fait concurrence pour attirer les travailleurs et le capital. Le secteur privé dispose alors de moins de ressources, et à moins bon prix. Et lorsque la croissance diminue, c’est le niveau de vie des Canadiens qui stagne.

Les promesses électorales libérales parlaient d’un investissement d’environ 60 milliards de dollars de plus en infrastructures sur les 10 prochaines années. Justin Trudeau utilise en réalité une définition bien particulière des infrastructures, puisqu’elles incluent le logement social et les garderies subventionnées. Indépendamment des mérites sociaux que l’on peut attribuer ou non à ce type de dépenses, elles ne généreront pas de relance économique.

Même pour ce qui est des véritables infrastructures, le Canada se situe déjà en 15e place dans le monde. Il n’y a pas de retard à rattraper. La recherche démontre qu’il y a même trop de routes par rapport à la demande au Canada, comme dans la plupart des autres pays.

Les libéraux affirment qu’il faut profiter des taux d’intérêt actuellement bas pour investir. Mais le fait que les taux d’intérêt soient faibles ne veut pas dire que les coûts sont faibles, puisqu’il faut aussi prendre en compte le coût de prélever des impôts pour rembourser ces emprunts. Les études démontrent qu’on a déjà amplement dépassé le point où prélever un dollar d’impôt coûte plus d’un dollar à la société.

Espérons que le nouveau premier ministre et son cabinet reviennent à la raison et fondent leur programme économique sur la science économique, plutôt que sur des mythes véhiculés par les groupes organisés. Ils devraient s’inspirer des exploits budgétaires de Jean Chrétien et Paul Martin, qui ont remis l’économie canadienne sur les rails d’une croissance soutenue en réduisant les dépenses au milieu des années 1990.

Michel Kelly-Gagnon est président et directeur général de l'Institut économique de Montréal. Mathieu Bédard est économiste à l'IEDM. Ils signent ce texte à titre personnel.

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