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Textes d'opinion

Un éléphant vert au PQ

Clairement, Alexandre Cloutier n’a pas lu la dernière Note économique de l’IEDM. Le candidat à la chefferie du PQ proposait hier de miser sur l’électrification des transports. Ainsi, une partie des taxes sur l’essence, versée au Fonds vert, serait utilisée pour financer l’achat de véhicules électriques, l’installation de bornes de recharge, etc.

Malheureusement pour M. Cloutier, sa proposition n’est qu’un éléphant blanc (ou vert, dans ce cas-ci) et n’aurait pas l’impact environnemental qu’il imagine. Lorsqu’on y regarde de près, les voitures électriques sont un moyen peu efficace pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES). En Norvège, qui est le pays s’étant le plus engagé dans cette voie, le gouvernement dépense l’équivalent de 6925$ par tonne de GES évitée. Pour environ 8$, il est possible d’avoir un impact équivalent sur le marché du carbone européen.

Déjà, au Québec, le gouvernement subventionne l’achat de véhicules électriques et hybrides. Ces véhicules peuvent être très intéressants pour les économies d’essence, mais pour la société dans son ensemble, l’impact environnemental de cette subvention est beaucoup trop faible. Si l’on suivait le modèle norvégien, cela coûterait au gouvernement du Québec l’équivalent de 12,1 milliards de dollars ou 1560$ la tonne de GES évitée. On peut obtenir le même résultat pour moins de 12$!

Bernard Drainville aussi

Le dicton populaire veut que lorsqu’on se compare, on se console. C’est aussi vrai pour M. Cloutier. Après tout, Bernard Drainville aussi a oublié de lire les analyses de l’IEDM.

Cet autre candidat à la chefferie propose « que le Québec devienne la première économie sans pétrole, la première économie vraiment verte des Amériques ». Il précise : « pas seulement des carburants [mais] aussi des plastiques, des fertilisants, des textiles et j’en passe ». Même Équiterre et Steven Guilbeault ne proposent pas quelque chose d’aussi radical. Et pour cause : c’est peu plausible, pas nécessaire, et vraiment très coûteux comme le démontre notre Cahier de recherche de décembre dernier. Parler d’utopiques projets à grands renforts de buzzwords, c’était peut-être séduisant à une époque. Mais aujourd’hui, alors que l’information circule abondamment, ces deux candidats n’ont pas fait leurs devoirs. Les éléphants verts sont jolis en théorie, mais ne survivent pas à la réalité.

Youri Chassin est économiste et directeur de la recherche à l’Institut économique de Montréal. Il signe ce texte à titre personnel. Lire le billet sur le site du Journal de Montréal.

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