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Textes d'opinion

Nos politiciens méritent un prix Darwin

Coincé dans un embouteillage avec une pressante envie de pipi, un Américain descend de sa voiture et marche vers le muret sur le bord de la route. Il le franchit pour se mettre à l’abri des regards. Pas de chance. Son auto n’était pas sur la route, mais sur un pont.

Le jeune homme a perdu la vie, vingt mètres plus bas. Mais il a gagné un honneur: un Darwin Award. On donne cette récompense posthume (et humoristique) à ceux qui, par leur mort ou leur stérilité, contribuent à améliorer le patrimoine génétique humain.

Les Darwin Awards me sont venus en tête en pensant à Jean Charest et aux politiciens québécois. En réfléchissant aux liens incestueux entre politiciens et entreprises de construction, aux nominations partisanes des juges, au financement illégal des partis municipaux et autres scandales… Jusqu’à la une du magazine Maclean’s qui fait tant jaser.

Certains disent que la carrière politique de Jean Charest tire à sa fin. Si c’est le cas, sa mort politique servira. Non pas à améliorer le gène des politiciens (tâche plutôt difficile), mais peut-être celui des électeurs. En particulier, les bourdes qui s’accumulent ont le mérite d’exposer la corrélation entre taille de l’État et corruption. Et par corruption, j’entends aussi la version «légère». Celle qui, même légale, détourne vos impôts vers les ti-zamis et les régions où on veut acheter des votes.

La corruption apparaît quand on dépense l’argent des autres. Plus nombreux les domaines où l’État intervient, plus nombreuses les occasions de corruption. C’est une règle mathématique. Plus un gouvernement distribue des autorisations, des contrats et des subventions, plus les gens auront une incitation à recourir aux pots-de-vin pour obtenir une autorisation, un contrat ou une subvention. C’est vrai pour des places en garderies subventionnées, des contrats de construction de routes, ou des subventions aux entreprises provenant des fonds FIER.

N’en déplaise aux défenseurs aveugles de l’État à tout crin, des études de l’OCDE, de la Banque mondiale et de plusieurs universitaires ont clairement démontré que plus l’État intervient dans l’économie, plus l’appareil politique se corrompt. C’est une évidence, mais nous la prenons à la légère, nous qui laissons chaque année l’État s’ingérer un peu plus dans nos vies. Sans nous méfier des conséquences.

Je décerne mon Darwin Award 2010 à tous les politiciens québécois dont la carrière périra des scandales actuels. Par leurs comportements irrespectueux envers les contribuables, ils nous réveillent. Et nous éviterons peut-être de finir (métaphoriquement) comme Anita, cette Californienne candidate aux Darwin Awards 1999. Anita gardait à la maison une dizaine de serpents venimeux en liberté. Ses animaux de compagnie. Quelques jours avant de se faire mordre fatalement par l’un d’eux, elle avait affirmé se sentir en sécurité au milieu de ces prédateurs. Elle les aimait, disait-elle. Et leur faisait confiance.

David Descôteaux est chercheur associé à l’Institut économique de Montréal.

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