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Textes d'opinion

Les promesses des politiciens

Devant la vague de protestations qu’il a suscitée, Gérald Tremblay nous annonçait hier qu’il suspend l’adoption du budget présenté mercredi dernier pour en préparer un nouveau qui devra être adopté après les Fêtes.

Malgré les excuses qu’il a présentées, M. Tremblay entretient toutefois le suspens en ce qui concerne la hausse des taxes, car à aucun moment dans sa déclaration a-t-il annoncé qu’elle n’aura pas lieu. Le budget sera simplement «corrigé». On saura en janvier s’il s’agit d’une autre tromperie.

Il faut dire que le maire n’a pas manqué d’arrogance en annonçant une hausse du fardeau fiscal un mois après s’être engagé à ne pas y toucher et alors qu’on pouvait encore lire ses belles promesses sur le site de Go Montréal.

Il n’est pas le premier politicien à revenir sur sa parole. Vous souvenez-vous de Jean Chrétien et de son engagement à abolir la TPS? Quant à Jean Charest, nous attendons toujours les baisses d’impôts qu’il nous a fait miroiter il y a deux ans.

Pourquoi les politiciens présentent-ils souvent des programmes électoraux carrément trompeurs? Tout simplement parce que le système politique ne prévoit aucune sanction contre les menteurs. Il est quand même paradoxal de pouvoir poursuivre devant les tribunaux une entreprise coupable de fausses représentations, ou de licencier un travailleur qui a menti dans son CV, alors que les électeurs n’ont aucun recours contre un politicien qui gagne des élections grâce à des engagements qu’il n’a peut-être jamais eu l’intention de respecter.

Avantages

Les politiciens tiennent rarement leurs promesses, tenons-nous le pour dit! Il en est ainsi parce que le mensonge est payant pour les candidats, puisqu’ils peuvent en retirer tous les avantages et en subissent rarement les conséquences. Il n’est d’ailleurs pas du tout surprenant que M. Tremblay ait décidé d’abandonner sa promesse immédiatement après son élection. C’était même une bonne décision stratégique de sa part, car il donne ainsi quatre ans aux électeurs pour oublier.

Quant aux engagements de ne pas augmenter ou de réduire les impôts, les contribuables que nous sommes devraient abandonner l’attitude de l’autruche et reconnaître une fois pour toutes qu’ils sont rarement susceptibles d’être tenus. La politique constitue le gagne-pain des politiciens et c’est grâce à des programmes de tout acabit, financés à partir des revenus des citoyens, qu’ils justifient leurs salaires et tentent de nous faire croire qu’ils sont indispensables à notre bien-être.

Toute réduction d’impôts implique cependant une diminution de la taille de l’appareil gouvernemental. À moins de changer les règles du jeu qui sont celles de la politique, il est donc inutile de continuer à espérer un allégement fiscal réel puisque aucun politicien n’acceptera de se faire hara-kiri ou de saborder l’organisation qui signe son chèque de paie.

Et quand le travailleur commence à manifester son mécontentement devant la contribution toujours plus généreuse qu’on exige de lui, nos élus ont alors recours aux grands moyens et sortent l’argument massue qui réussit à faire taire même les contribuables les plus insatisfaits: la solidarité! Avez-vous remarqué combien ce terme est à la mode depuis quelque temps? C’est devenu le mot magique que tout le monde aime invoquer pour se donner bonne conscience.

Mais est-ce réellement la solidarité qui inspire nos politiciens ou ne s’agirait-il que d’un couvert habile pour s’approprier une part toujours grandissante des revenus des contribuables sans éveiller leur grogne? Pourquoi la solidarité ne passerait-elle pas par une réduction des dépenses inutiles et une utilisation plus rationnelle des impôts que nous payons déjà? À quand le politicien qui aura le courage de tenir ses promesses?

Nathalie Elgrably est économiste à l’Institut économique de Montréal.

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