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Textes d'opinion

Les demandes étudiantes sont-elle raisonnables?

Nous croyons qu’il est plus approprié de dégeler les droits de scolarité de sorte que tout le monde contribue plus, surtout ceux qui ont plus de moyens, pour subvenir à ceux qui ont plus de besoins.

En ce sens, je crois que les étudiants ne devraient pas se plaindre, car ils pénalisent ceux qui n’ont pas les moyens.

On a besoin de nouveaux fonds pour les universités, car le gouvernement ne peut plus donner comme il le faisait par le passé. Les universités souffrent et elles ont besoin de financement. Et un des moyens pour aller en chercher passe par l’augmentation des droits de scolarité, avec le maintien d’un système de prêts et bourses pour aider ceux qui sont le plus affectés par cette augmentation.

On sait que dans les universités, il y a presque deux fois plus de jeunes issus de familles pauvres. Les jeunes plus riches devraient donc contribuer plus au financement des universités.

Quand on dit que les jeunes abandonnent pour des raisons financières, ça ne veut pas dire que c’est en raison des droits de scolarité.

Il faut aussi inclure les coûts liés au logement, au chauffage, à la nourriture. Il y a un manque à gagner quand on est aux études plutôt qu’au travail. Il y a un salaire qu’on sacrifie. Les droits de scolarité constituent donc en soi une partie minime de l’ensemble des raisons financières.

La preuve, c’est que la participation financière aux études universitaires au Québec a diminué alors qu’elle a augmenté ailleurs au Canada. En Ontario, les droits de scolarité ont doublé en dix ans et le taux de participation, c’est-à-dire le nombre de jeunes par rapport au pourcentage de la population de cet âge, a augmenté alors qu’au Québec, cela a diminué. Et ça, c’est malgré que les droits ont augmenté partout ailleurs sauf au Québec.

Il n’y a donc aucun lien à faire entre les droits de scolarité et l’accès ou l’abandon des études universitaires.

Celui qui a la volonté de poursuivre ses études va décider de s’endetter, car il sait que c’est un investissement qui va lui rapporter plus tard.

Le pourcentage d’étudiants endettés dans les autres provinces du Canada est plus élevé qu’au Québec.

Même si les droits de scolarité sont plus élevés qu’au Québec, ça ne veut pas dire que les plus riches sont les seuls à aller à l’université. Il y a beaucoup d’étudiants qui s’endettent et en plus forte proportion qu’au Québec.

Toutes les études de Statistique Canada montrent que l’écart entre le taux de participation des étudiants pauvres et des étudiants riches n’a pas changé ces 20 dernières années. Il y a toujours deux fois plus de riches que de pauvres qui vont à l’université, mais le pourcentage de jeunes de famille plus pauvres a relativement augmenté. Ça montre donc qu’il n’y a pas que l’aspect financier qui explique l’écart.

Propos recueillis par Louis Gagné pour le Combat des idées du Journal. Norma Kozhaya est économiste à l’IEDM et auteur de la Note économique La hausse des droits de scolarité réduirait-elle l’accessibilité aux études universitaires?

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