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Textes d'opinion

La crise du logement (2)

Comme je l’expliquais dans ma dernière chronique, une étude récente du directeur de la recherche de l’IEDM, Pierre Desrochers, attribue la crise du logement à une série d’interventions gouvernementales qui ont déréglé le fonctionnement normal du marché locatif. S’il est vrai que le coût du logement au Québec est plus faible qu’ailleurs, M. Desrochers explique que cette situation résulte avant tout de la pauvreté relative de la province et de coûteux programmes gouvernementaux. En d’autres termes, le coût nominal moins élevé du logement au Québec s’explique en bonne partie par les taxes beaucoup plus élevées des Québécois qui ont financé de nombreuses mises en chantier!

C’est en tenant compte de ces facteurs que M. Desrochers suggère une révision en profondeur des politiques québécoises en matière de logement locatif. Sa première recommandation est la déréglementation du prix des loyers afin d’augmenter de façon significative le nombre de nouvelles mises en chantier. Cela peut sembler radical, mais l’adoption récente d’une telle mesure dans plusieurs juridictions américaines n’a pas causé les catastrophes anticipées par les tenants de ces mesures même si elles ont débouché sur certaines hausses de loyer.

Il serait aussi possible de réduire les coûts de construction en déréglementant l’industrie de la construction et en revoyant certains aspects du Code du bâtiment, notamment l’imposition de structures en béton dans des catégories de logement aux dépens du traditionnel bois-briques. Certains règlements de zonage devraient aussi être révisés.

M. Desrochers souligne également qu’il n’y a aucune raison valable de consacrer des sommes supplémentaires aux habitations à loyers modiques. Comme l’a démontré le professeur François Des Rosiers de l’Université Laval, à montant égal, les subventions «à la personne» permettent de satisfaire quatre fois plus de bénéficiaires que les subventions «à la brique». Il est donc plus judicieux pour nos gouvernements de verser un supplément aux familles à faible revenu plutôt que de subventionner le logement dit «social».

Malgré ces mesures, il est probable qu’une certaine classe de locataires trouvera toujours difficilement à se loger. Si des mesures permanentes ou de plus longue durée sont requises pour les clientèles plus lourdes, elles devraient être envisagées dans une optique de santé publique plutôt que de politique du logement.

Les mesures d’aide devront toutefois faire la distinction entre les individus dont la situation difficile n’est que temporaire et ceux qui ne pourront probablement jamais subvenir à leurs propres besoins. L’intervention gouvernementale dans le domaine du logement ne doit plus être caractérisée par une mentalité de partage de la pauvreté, mais par une éthique de la responsabilisation et de la création de richesse qui reconnaît qu’une politique sociale efficace aide les gens à s’adapter au changement plutôt qu’à lui résister.

Il est absurde de constater que le résultat d’une période de prospérité et de croissance économique est de mettre à la rue un nombre croissant de familles. L’étude de M. Desrochers contient des éléments de solution essentiels pour que la crise du logement ne devienne graduellement qu’un mauvais souvenir. Espérons que nos politiciens auront le courage d’en prendront note.

 

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