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Gaz à effet de serre : l’échec prévisible du Québec

En 2009, le gouvernement du Québec se donnait un objectif très ambitieux, soit de réduire les émissions totales de gaz à effet de serre (GES) de 20 % entre 1990 et 2020. En 2015, le gouvernement en rajoutait, avec des cibles de réduction de 37,5 % entre 1990 et 2030, puis de 80 % entre 1990 et 2050. C’est énorme, et il fait peu de doute aujourd’hui que le Québec échouera.

Premier constat : entre 1990 et 2015 (soit 5/6e de la période 1990-2020), les émissions ont diminué de 10 %, alors que l’objectif pour 2020 est une réduction de 20 %. De plus, les émissions sont stables depuis 2010.

À moins d’un miracle (saint frère André, où êtes-vous ?), on n’atteindra donc pas l’objectif fixé pour 2020.

Pour prendre un autre point de comparaison, c’est comme si quelqu’un s’était mis en tête de perdre 50 livres en un an, mais qu’il n’en avait perdu que 25 au bout de 10 mois. Je vous laisse juger de ses chances de réussite.

Deuxième constat : si on n’atteint pas la cible intermédiaire pour 2020 et que la tendance ne change pas radicalement, l’atteinte des cibles pour 2030 et 2050 n’en est que plus imaginaire. Québec souhaite réduire les émissions de GES de 89 millions de tonnes en 1990 à 56 millions en 2030, puis à 18 millions en 2050. La province émet actuellement 80 millions de tonnes de GES ; la marche est haute. La situation n’est pas meilleure pour la Californie ou l’Ontario, les deux partenaires du Québec dans la Western Climate Initiative et sa Bourse du carbone.

L’illusion du Fonds vert

Jusqu’à maintenant, on s’est contenté de créer quelques programmes (subventions à l’achat de véhicules électriques et autres subventions provenant du Fonds vert), qui ont coûté des milliards et qui n’ont eu qu’un effet cosmétique sur les émissions. En fait, même si on remplaçait 1 million de voitures à essence par des véhicules entièrement électriques (donc pas d’hybrides), les émissions de GES ne diminueraient que de 3,6 % au Québec.

Le Fonds vert diminue actuellement les émissions à un coût de 2000 $ par tonne. Après avoir dépensé 1,2 milliard de dollars, le Fonds vert a donc réduit les émissions de 623 000 tonnes, soit 0,7 % des émissions de 1990. À ce prix, il en coûterait environ 140 milliards pour atteindre l’objectif de 2050.

Depuis plusieurs années, ministres et députés prêchent la bonne parole de la décarbonisation de la société, sous le regard bienveillant des activistes, eux-mêmes souvent subventionnés. Pendant ce temps, l’État aide aussi une cimenterie en Gaspésie, dont les activités très polluantes augmenteront les émissions de CO2 du Québec de l’équivalent de ce qu’on pourrait sauver en remplaçant 600 000 voitures traditionnelles par autant de véhicules tout électriques !

Politiques contradictoires, désintérêt pour les coûts faramineux d’une transition énergétique accélérée artificiellement, discours déconnecté de la réalité, planification étatique inefficace : nous ne sommes assurément pas en voie d’atteindre des objectifs qui sont beaucoup trop ambitieux.

Selon l’économiste Thomas Sowell, « une bonne partie de l’histoire sociale moderne consiste à remplacer ce qui fonctionne par ce qui paraît bien ». Ce qui fonctionne, c’est le progrès technologique, qui est à la source de la plupart des améliorations en termes d’émissions de GES, et le bon vieux capitalisme, derrière ces progrès. Ce qui paraît bien, ce sont les Fonds verts et autres subventions inefficaces. Il serait grand temps de s’en rendre compte et de revenir à ce qui fonctionne.

Germain Belzile is a Senior Associate Researcher at the MEI. The views reflected in this op-ed are his own.

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