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La STM va-t-elle sortir de son déni ?

Des pannes et interruptions de services à répétition, des ralentissements, des délais interminables, des bris informatiques, etc. La patience des usagers de la STM est mise à rude épreuve, si bien que certains d’entre eux sont allés jusqu’à déposer une demande de recours collectif en Cour supérieure en vue d’obtenir compensation pour les nombreux retards de service dans le métro, mais aussi des autobus.

L’instigatrice de ce recours souhaite se faire rembourser 15 % de chacun des titres de transport mensuels qu’elle a achetés depuis mai 2015 ainsi que les frais encourus pour des taxis qu’elle a été obligée de prendre en raison des retards de service. La valeur de ce recours pourrait dépasser les 10 millions de dollars ! Oui, oui, 10 millions !

C’est beaucoup d’argent, sachant que nous payons déjà très cher pour un système inefficace. Depuis le lancement du métro en 1966, les coûts totaux par kilomètre parcouru de la STM, ajustés pour l’inflation, ont grimpé de 163 %. Pendant ce temps, la fiabilité du service ne s’améliore pas : de 1983 à 2015, les retards majeurs signalés dans le métro sont passés de 6,3 par million de kilomètres parcourus à 12,2. 

Mais la STM refuse d’admettre que le service offert est déficient et minimise souvent les impacts des inconvénients que les usagers subissent. Elle se défend souvent en citant une étude de l’Imperial College London qui la classe parmi les sociétés les plus performantes dans le monde. Mais ce que la STM ne vous dit pas c’est que l’étude en question est réalisée pour le compte de différentes sociétés de transport publiques qui établissent elles-mêmes les critères d’évaluation. En d’autres mots, elles s’autoévaluent ! De plus, cette étude n’est pas accessible au public, il faut donc se fier aux chiffres que brandit la STM.

L’étude affirme en outre que les coûts sont plus bas à Montréal, comparativement aux autres villes. Lorsque les usagers achètent leurs billets ou laissez-passer mensuels, ils consacrent 3,3 % de leurs revenus pour se déplacer en autobus et 5,5 % pour utiliser le métro.

Mais ces chiffres n’incluent pas le coût indirect assumé par les usagers. À ce que je sache, nous payons toujours des taxes qui servent à subventionner la Société de transport de Montréal. Et, fait à noter, les subventions représentent maintenant plus de la moitié des revenus de la STM, et ce malgré des hausses de tarifs répétées.

Les usagers du métro ont droit à un service fiable et efficace. Actuellement, ce n’est pas le cas. Réorganiser son trajet quelques fois par mois en raison de ces pannes récurrentes, ce n’est rien pour inciter les citoyens à utiliser le transport en commun et abandonner leur voiture.

Il est grand temps de penser à des solutions pratiques, innovantes et surtout moins coûteuses. Un meilleur service passe par une participation du privé. Une privatisation partielle du service d’autobus de la STM serait déjà un bon début. Prenons l’exemple du Royaume-Uni : ça fait longtemps qu’ils ont modifié leur approche en confiant certains services au privé et les résultats ont été concluants : une baisse drastique des frais d’exploitation, une réduction des subventions et, surtout, une amélioration du service. Aux États-Unis, même scénario. La ville d’Indianapolis est passée à un système d’appel d’offres pour un grand nombre de ses itinéraires d’autobus. Résultat : l’achalandage a augmenté et le service a gagné en popularité.

Montréal doit emboîter le pas et offrir un meilleur service à ses usagers. D’ailleurs, un récent sondage indique qu’une très forte majorité de Montréalais pensent que leur ville n’est pas assez intelligente, particulièrement dans les transports en commun. La moitié d’entre eux souhaiterait avoir une application pour connaître en temps réel l’état du service de la STM.

Voilà une belle occasion pour la STM de répondre aux attentes des usagers. L’application existe et elle a même été créée par une entreprise montréalaise. Transit permet déjà de prévoir des trajets en transports en commun, en temps réel, fonctionnelle dans plus de 125 régions, notamment à Chicoutimi. Mais la STM refuse de partager ses données avec la firme québécoise sous prétexte qu’elle travaille elle-même sur un concept similaire depuis quatre ans, baptisé iBus et disponible dans certains autobus.

On dirait que la STM est plus intéressée à brandir des études bidon pour se défendre de sa performance médiocre que de réellement chercher à innover. Qu’attend-elle pour saisir toutes les opportunités qui s’offrent à elle et garantir un meilleur service à ses usagers ? Les gouvernements devraient cesser de nourrir la bête à coups de subventions, ce qui la forcerait à penser à faire les choses autrement.

Pascale Déry is Senior Advisor, Communications, Current Affairs, at the MEI. The views reflected in this op-ed are her own.

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