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Pourquoi les joueurs de hockey ont-ils de si gros salaires?

Oui, je sais, c'est le départ de P.K. Subban pour Nashville qui a surtout attiré l'attention des amateurs de hockey ces derniers jours. Mais plusieurs autres joueurs ont changé d'adresse dans la Ligue nationale de hockey (LNH) depuis l'échange du flamboyant numéro 76.

Vendredi le 1er juillet marquait en effet l'ouverture de la chasse aux joueurs autonomes dans la LNH. Comme chaque année, plusieurs joueurs ont « fait sauter la banque ». Steven Stamkos, du Lightning de Tampa Bay, a donné le ton en signant un renouvellement de contrat estimé à 8,5 millions $ par année. Par la suite, pour ne donner que deux exemples, on a vu Milan Lucic signer un contrat de sept ans d'une valeur de 42 millions $ avec les Oilers d'Edmonton et Kyle Okposo signer avec les Sabres de Buffalo un contrat semblable.

Pour plusieurs d'entre nous, qui travaillons de 9h à 17h chaque jour avec 2-3 semaines de vacances par année, cette valse des millions peut donner mal au cœur. Voir ces athlètes signer des contrats de quelque 10 millions de dollars par année peut sembler irrationnel. Pourtant, c'est bel et bien rationnel. C'est le résultat de la bonne vieille loi de l'offre et de la demande.

Pourquoi les joueurs de hockey font-ils tant d'argent? Parce qu'ils sont peu nombreux à pouvoir accomplir ce genre de tâches comparativement à des gens qui font un travail qui nécessite peu de qualifications.

N'oublions pas que pour accéder au plus haut niveau (la Ligue nationale dans ce cas-ci), il a fallu qu'un athlète surmonte une multitude de barrières depuis sa tendre enfance. Qu'il survive aux coupures des camps d'entraînement à tous les niveaux, pour chaque échelon de sa carrière. Ceux qui se trouvent dans la LNH et qui étaient agents libres depuis le 1er juillet font partie d'une infime élite parmi des millions de jeunes d'Amérique du Nord et d'Europe qui essaient, eux aussi, de percer. Seule la crème de la crème parvient à la Ligue nationale.

Comme les propriétaires d'équipes veulent gagner des matchs et des championnats – et faire beaucoup d'argent au passage avec la vente de billets -, il y a une forte demande pour ces agents libres qui peuvent faire une différence sur la glace. C'est pourquoi ces derniers font exploser la cagnotte. Parce qu'encore une fois, l'offre et la demande jouent leurs rôles: beaucoup d'équipes veulent un nombre restreint de joueurs.

Pourquoi Carey Price gagne-t-il autant d'argent? Parce que peu de gardiens de son calibre peuvent faire ce qu'il fait.

D'ailleurs je constate que cette réalité – ce phénomène de rareté qui entraîne de hauts salaires – est beaucoup plus acceptée dans le cas des vedettes sportives que dans le monde des affaires. Les gens ne se plaignent pas du salaire de près de 7 millions $ par saison de Carey Price. Ils comprennent que son salaire s'apprécie en fonction de la rareté d'un tel talent (l'offre et la demande) et des revenus qu'il génère pour l'équipe, comme mon collègue l'écrivait l'an dernier.

L'offre et la demande sont aussi des concepts essentiels pour comprendre notre situation en tant que consommateur. Il y a beaucoup d'offres de chaussures, il y a beaucoup d'offres de voitures, et nous avons un choix très large de téléphones intelligents, par exemple. Parce qu'il y a beaucoup d'offres, beaucoup de concurrence, les consommateurs peuvent avoir des produits et des services à des prix raisonnables et choisir parmi une gamme de produits plus large.

Gardons aussi en tête que le prix (ou le salaire) sert de signal par rapport à la rareté. Il indique à tous les membres de la société quelles activités, habiletés et quels métiers sont fortement valorisés, de façon à attirer des gens vers ces activités, pour combler la demande.

Et pendant la chasse aux joueurs autonomes, on a pu constater que l'habileté qui consiste à mettre une rondelle dans un filet de hockey est une activité très, très valorisée par la société.

Jasmin Guénette is Vice President of the Montreal Economic Institute. The views reflected in this op-ed are his own.

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