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Transcanada pipeline et l’Institut économique de Montréal

Un document « secret » révélé récemment par Radio-Canada mentionnait que TransCanada pourrait éventuellement m’inviter, ainsi que d’autres personnalités québécoises, à souper chez Europea ou encore Chez Toqué pour tenter d’obtenir mon appui à leur projet d’oléduc. Plusieurs personnes qui ont vu cette nouvelle en ont sans doute conclu que c’est ainsi qu’une grosse entreprise manipule l’opinion publique : en « achetant » l’appui de personnes influentes, notamment des dirigeants d’instituts de recherche comme celui que je dirige.

Malheureusement, et à mon grand regret, TransCanada pipeline n’a jamais donné un sou à l’Institut économique de Montréal. Malgré cela, nous sommes intervenus à plusieurs reprises pour défendre ce projet, tout simplement parce qu’il est basé sur des principes économiques rationnels et qu’il pourrait offrir des avantages économiques pour le Québec.

J’ose d’ailleurs espérer qu’ils daigneront bien nous appuyer un jour. Je rêve du jour où l’IEDM pourra bénéficier d’un budget annuel avoisinant les 12 millions $ par année comme c’est le cas pour Greenpeace Canada. En ce moment, malheureusement, sur un budget total d’environ 2 millions $, nous ne pouvons consacrer qu’à peine 15% de nos ressources aux questions environnementales et énergétiques.

Avis aux gens de TransCanada : un simple lunch au Decca 77 avec leur menu à 22$ suffirait… si vous deveniez aussi des membres donateurs de l’IEDM!

Plus sérieusement, les gens – qu’il s’agisse d’individus, d’entreprises ou de fondations – qui nous appuient le font parce qu’ils aiment ce que nous disons, et non l’inverse. Ils n’aiment pas ce que nous disons parce qu’ils nous ont payés pour le dire, comme si nous étions une firme de consultants qui pouvait dire n’importe quoi pour plaire à ses clients.

Quiconque est minimalement de bonne foi reconnaîtra cela. Depuis 15 ans, nous avons été constants et intellectuellement cohérents. Nous avons toujours appuyé les conclusions de nos études sur une analyse économique rigoureuses, quitte à déplaire.

Le plus récent exemple de cela est notre série d’interventions dans le contexte du débat entourant le projet de loi numéro 3 sur les régimes de pension municipaux au Québec, qui m’ont valu de très nombreuses réactions, y compris des réactions d’étonnement de la part d’amis qui pensaient que j’aurais dû appuyer la position contraire.

En terme de financement, au fil des ans, nous avons notamment perdu l’appui :

  • de deux alumineries, qui n’aimaient pas nos critiques portant sur les tarifs d’électricité préférentiels à leur industrie;
  • d’une entreprise dans le domaine aéronautique qui n’aimait pas nos critiques des subventions à leur industrie;
  • d’une entreprise pétrolière qui nous trouvait… trop durs envers les environnementalistes!!! Sans blague… une « grosse méchante pétrolière » a tenté de nous forcer à faire des câlins aux écolos… Assez surréaliste merci comme scénario, mais vrai. Nous les avons évidemment envoyé paître!;
  • d’une fondation québécoise qui n’aimait pas mes écrits concernant le tabac et l’alcool;
  • d’une entreprise dans le domaine des communications qui n’aimait pas nos écrits concernant la téléphonie cellulaire.

Jamais nous n’avons cédé à ces pressions. Jamais nous n’avons fait de recommandations de politique publique qui n’étaient pas dans l’intérêt de l’ensemble des citoyens. Notre indépendance et nos principes ne sont tout simplement pas à vendre. Par contre, si un citoyen, une fondation (les fondations représentent d’ailleurs une majorité claire de notre financement) ou encore une entreprise veut appuyer notre mission, nous recevrons cet appui avec enthousiasme et reconnaissance.

Bref, bienvenue à tous ceux qui veulent nous donner des ressources pour nous permettre de dire ce que nous voulons dire de toute façon, ou encore nous permettre de mieux disséminer le fruit de notre recherche, réalisée indépendamment.

TransCanada : Êtes-vous à l’écoute? Quand donc aurez-vous le courage d’appuyer mon organisation, financièrement et moralement?

Michel Kelly-Gagnon is President and CEO of the Montreal Economic Institute. The views reflected in this column are his own.

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