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Le marché des capitaux selon Reuven Brenner

Les marchés de capitaux servent à allouer des fonds aux projets de développement qui en ont besoin. Bien qu’il s’agisse d’une activité nécessaire au bon fonctionnement d’une économie de marché, elle n’aurait rien de particulièrement déterminant pour la civilisation selon plusieurs.

Ce n’est pas ce que croit Reuven Brenner, économiste de renommée internationale de l’Université McGill et collaborateur occasionnel de l’Institut économique de Montréal. Dans un livre récent (intitulé The Financial Century au Canada et The Force of Finance aux États-Unis), il explique que les marchés de capitaux déterminent en grande partie le développement des sociétés et que leur ouverture est une condition essentielle de la prospérité.

Pour Brenner, le processus qui explique pourquoi certaines sociétés deviennent prospères alors que d’autres échouent est surtout lié à la capacité de relier le talent, les compétences et l’entrepreneurship avec le capital. Un pays s’enrichit lorsqu’il abandonne les vieilles façons de produire et qu’il adopte les nouvelles industries. Ces changements constants doivent toutefois être financés. Sans les investissements appropriés, les nouveaux produits ne sont pas développés, les technologies ne sont pas adoptées, la productivité n’augmente pas et l’économie stagne.

Ce sont les acteurs du marché privé – investisseurs, banques, sociétés de capital de risques et autres institutions financières – qui sont les mieux placés pour allouer le capital disponible. Non pas parce qu’ils ne font jamais d’erreur, mais parce qu’ils ne peuvent se permettre d’en commettre beaucoup et qu’ils ne peuvent, contrairement à l’État, taxer ou déprécier leur monnaie pour combler leur pertes.

Les sociétés où les marchés de capitaux ont été ouverts et libres sont celles qui sont rapidement devenues les plus prospères. C’est à Amsterdam que fut créée la première bourse de l’histoire et où furent faites plusieurs autres innovations financières au 17e siècle. Cela a permis à la Hollande de devenir le principal centre commercial au monde et la première société «moderne» dotée d’une classe moyenne confortable. Elle était aussi la société la plus tolérante de son temps, permettant la coexistence de protestants, catholiques et juifs, alors que les guerres de religion déchiraient le continent.

Selon Brenner, rien ne permet de mieux diffuser le pouvoir que des marchés financiers ouverts, alors que les tyrannies ont concentré les capitaux dans les mains de quelques-uns.

Londres prit ensuite la relève comme centre financier mondial, faisant de l’Angleterre la première puissance industrielle des 18e et 19e siècles. Au 20e siècle, les États-Unis sont devenus la superpuissance économique, avec Wall Street comme centre nerveux du marché financier le plus vibrant de la planète.

Le capital de risque, qui abonde au Québec, vient surtout de multiples sociétés d’État, telle la Société générale de financement, Innovatech, etc. Elles sont dirigées non par des décideurs privés, mais par des bureaucrates qui utilisent l’argent des contribuables et qui n’ont pas nécessairement les bons incitatifs pour prendre les bonnes décisions. Je ne nie toutefois pas la présence dans ces sociétés de gens bien intentionnés et fort compétents. Voilà un livre permettant d’alimenter une bonne réflexion sur un sujet complexe.

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